Introduction à la théorie des nombres/Approximation diophantienne et fractions continues
Modèle:Chapitre Soit un réel.
Approximation d'un réel par des rationnels
Application du principe des tiroirs
On cherche à approcher par des rationnels « raisonnables » (de dénominateur et numérateur « pas trop grands »). Comme est dense dans , plus on s'autorise grand, plus on peut se rapprocher du réel . La taille nécessaire pour en fonction de l'erreur tolérée dépend de , mais pour tous les réels on a déjà :
- Application
- On en déduira (dans l'exercice lié) que si , alors il existe une infinité de fractions — et a fortiori de couples — vérifiant .
- Remarques
-
- À l'inverse, si alors, en excluant les solutions triviales , il ne reste qu'un nombre fini de solutions Modèle:Infra.
- On verra au chapitre 6 un théorème plus général d'[[../Géométrie des nombres#Théorème de Minkowski pour des formes linéaires|approximation diophantienne simultanée de plusieurs réels]].
Modèle:Démonstration déroulante
Mesure d'irrationalité
Modèle:Définition
Plus cette « mesure » est grande, mieux est approchable par des rationnels différents de , et moins il est algébrique. Plus précisément :
- Elle vaut si (voir l'[[../Exercices/Approximation diophantienne et fractions continues#Exercice 2-1|exercice 2-1]]), et elle est supérieure ou égale à sinon Modèle:Supra.
- Elle est finie si est algébrique, d'après le théorème de Liouville ci-dessous[1]. Les nombres de Liouville sont donc transcendants.
Modèle:CfExo Exemple de nombre de Liouville : la constante de Liouville (voir l'exercice lié).
On démontrera en exercice la proposition suivante :
Modèle:Proposition Cette définition équivalente de la mesure d'irrationalité est plus commode pour démontrer le théorème suivant : Modèle:Théorème Modèle:Démonstration déroulante
Fractions continues
Réduites, ou fractions continues finies
Modèle:Définition La preuve de la propriété suivante est laissée en exercice. Modèle:Propriété
- Remarques
-
- En particulier, , ce qui fournit une définition récursive équivalente à la précédente.
- On n'a pas imposé pour l'instant que les soient des entiers, ni pris la précaution de supposer non nulles les quantités qu'on inverse. Cette définition est donc à prendre au sens formel, c'est-à-dire en considérant les comme des indéterminées et en se plaçant dans leur corps de fractions rationnelles. Par exemple :
- .
Les deux fractions continues (finies) d'un rationnel
Pour tout rationnel , l'algorithme d'Euclide fournit un développement de en fraction continue finie « simple », c'est-à-dire avec et pour . Modèle:Démonstration déroulante
Le développement obtenu ainsi a la particularité que les pour sont même strictement supérieurs à . On en déduit un second développement de en fraction continue simple, qui n'a plus cette particularité : .Modèle:CfExoCe sont les deux seuls (cf. exercice lié).
La fraction continue (infinie) d'un irrationnel
Dans l'algorithme d'Euclide ci-dessus, si l'on note (en particulier ), était la partie entière de et sa partie fractionnaire. Pour tout irrationnel , le même algorithme donne une fraction continue simple infinie :
- .
Ainsi, et l'algorithme ne s'arrête évidemment jamais. L'irrationnel ( si ) et sa partie entière sont appelés le quotient complet et le quotient partiel de d'indice .
Numérateurs et dénominateurs des réduites
On a déjà observé que les réduites associées à une suite s'expriment rationnellement en fonction des . On peut systématiser l'exemple qui l'illustrait : Modèle:Définition On obtient ainsi : Modèle:Proposition
- Remarques
-
- Comme dans la définition des réduites Modèle:Supra, ces formules sont à prendre au sens formel, les étant des indéterminées et les des polynômes en ces indéterminées. On peut donc y remplacer à volonté les indéterminées par des entiers ou même des réels, tant que cela ne remplace pas les dénominateurs par .
- En particulier, pour une fraction continue simple infinie :
- pour tout : et ;
- ;
- la suite d'entiers est strictement croissante[2] donc tend vers l'infini.
Bijection entre irrationnels et fractions continues infinies
Les résultats de cette section sont centraux dans la théorie des fractions continues : ils établissent une bijection entre l'ensemble des fractions continues infinies simples et l'ensemble des irrationnels[3], et montrent au passage que les réduites d'un irrationnel en constituent une « bonne approximation », en un sens qui sera précisé dans la section suivante.
Modèle:Proposition Modèle:Définition Modèle:Démonstration déroulante
Modèle:Corollaire Modèle:Démonstration déroulante
Modèle:Théorème
Modèle:Démonstration déroulante
Meilleure approximation
- Remarque
- La fraction approche alors mieux , au sens ordinaire (plus faible que celui de la définition), que toute autre fraction de dénominateur plus petit, car
- si et alors .
Modèle:Théorème
Modèle:Démonstration déroulante
Fraction continue d'un irrationnel quadratique
Modèle:Wikipédia
Modèle:Définition
Modèle:Théorème
Pour un tel développement, on introduit la notation suivante :
Modèle:Définition
Modèle:Corollaire
Modèle:Corollaire
Notes
- ↑ La mesure d'irrationalité d'un irrationnel algébrique est en fait exactement égale à 2 : c'est le théorème de Thue-Siegel-Roth (Axel Thue (1909), Carl Ludwig Siegel (1921), Freeman Dyson (1947), et enfin Klaus Roth (1955), médaille Fields en 1958), plus précis que celui de Liouville. Par ailleurs, d'après un théorème de Khinchine de 1924, la mesure d'irrationalité de presque tout réel est égale à 2.
- ↑ La croissance stricte n'est garantie qu'à partir de , car si .
- ↑ Ceci fournit une preuve explicite du fait que l'ensemble des irrationnels a la puissance du continu. C'est d'ailleurs cette méthode qui permit à Cantor, en 1878, de démontrer directement que est équipotent à , au lieu d'utiliser que et que (via une bijection canonique) .