Introduction à l'acoustique/Hypothèse acoustique

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Modèle:Chapitre

Dans ce chapitre, on amène à la formulation d'une approximation, appelée hypothèse acoustique ou approximation acoustique, dans laquelle l'étude de la propagation des ondes est relativement simple.

La nécessité d'une approximation

La mécanique des fluides est une discipline intrinsèquement non-linéaire : on ne sait, dans la très grande majorité des cas, pas donner de solution à ses problèmes. En revanche, si on est capable de « linéariser » les équations de la mécanique des fluides (c'est-à-dire les mettre sous la forme de relations linéaires), alors on dispose de nombreux outils théoriques et pratiques pour les résoudre.

Seulement, dans presque tous les cas, linéariser revient à faire une approximation. On peut justifier physiquement ces approximations dans les hypothèses de départ. Dans l'essentiel des situations réelles, elles sont bien vérifiées — on gardera cependant à l'esprit qu’elles peuvent être violées, et le cas échéant nos résultats également.

L'hypothèse des petits mouvements

Nous allons faire l'hypothèse la plus grossière que l’on puisse tenter : tout est constant. Au moins, on sait résoudre un tel cas : c’est la statique des fluides. Seulement... rien ne bouge, donc a fortiori aucune onde, donc... pas d'acoustique. Cette approximation « à l’ordre 0 » est trop sévère.

Prenons donc en compte les termes « d'ordre un » :

  • la pression Ptot du fluide peut être écrite Ptot=P0+pP0 est une constante ;
  • la masse volumique ρtot du fluide peut être écrite ρtot=ρ0+ρρ0 est une constante ;
  • la vitesse (grandeur vectorielle) du fluide (qui n'est donc plus nulle) sera notée 𝐯.

On suppose toutefois qu'elle est « faible », notion sur laquelle nous reviendrons. De même, on a :

  • pP0
  • ρρ0

Dans l'ensemble, on est donc très proche de l'équilibre statique, mais des variations locales sont permises, tant qu’elles sont faibles. On suppose de même l'absence de forces volumiques (gravité, champ magnétique...) et de désintégration (perte de masse).

Simplification des équations

Un fluide non-visqueux peut être décrit ou approché par les équations d'Euler[1] :

ρtot[𝐯t+(𝐯)𝐯]=Ptot

Cette équation est d'ordre supérieur à un : le terme convectif (𝐯)𝐯 en particulier peut être négligé. Elle devient en effet :

ρ0𝐯t+p=0(1)

La conservation de la masse en tout point implique :

ρtott+(ρtot𝐯)=0

En développant la divergence à l'aide des théorèmes d'analyse vectorielle :

ρtott+𝐯ρtot+ρtot𝐯=0

En ne gardant que les termes d'ordre un :

ρt+ρ0𝐯=0(2)

Les équations (1) et (2) sont bien plus simples sous cette forme approchée : il n'y a plus de terme d'ordre supérieur à un, ce sont donc des équations linéaires. Nous allons maintenant cherche à les combiner, mais cela nécessite de trouver un lien entre la masse volumique ρ et la pression p.

Approximation isentropique

Relier deux grandeurs comme la masse volumique (donc le volume) et la pression, c’est de la thermodynamique. Seulement, on ne peut rien dire si aucun paramètre n'est constant : on choisit de fixer l'entropie S. Cela revient à dire que lors d'un perturbation acoustique, le fluide subit une transformation réversible (phénomène suffisamment lent), et que la chaleur créée n'a pas le temps de se propager (phénomène alterne façon suffisamment rapide). On peut alors utiliser un coefficient thermoélastique appelé « compressibilité isentropique », défini par :

χs=1VVPtot)S

V=mρtot est le volume, ici, le volume de la particule fluide de masse m constante.Il est immédiat que :

χs=+1ρtotρtotPtot)S

Ce qui donne, au premier ordre :

χs=+1ρ0ρp

ρ=ρ0χsp

En remplaçant ρ par son expression, puis en dérivant (1) et (2) (plus précisément, en prenant la divergence de la première, et la dérivée temporelle de la seconde), on obtient la relation suivante :

Δpρ0χs2pt2=0

Nous reviendrons sur cette équation au chapitre prochain[2].

Vérification des hypothèses

On peut s'intéresser aux ordres de grandeur concernés par les phénomènes sonores, afin de jauger la pertinence des approximations faites. Nous montrons ici la validité de deux d'entre elles, les deux autres étant justifiées dans le chapitre suivant, une fois la relation précédente interprétée.

La pression

Concernant la pression, voici un tableau résumant différentes valeurs associées à différentes sources sonores :

Source Surpression (p) Niveau sonore
  Pascal (Modèle:Abréviation) dB[3]
Explosion du Krakatoa à Modèle:Unité dans l'air 20 000 Modèle:Abréviation Modèle:Unité
Dispositif thermoacoustique ouvert simple[4]Modèle:,[5] 12 000 Modèle:Abréviation Modèle:Unité
Moteur d'avion à Modèle:Unité 630 Modèle:Abréviation Modèle:Unité
Mitraillette à Modèle:Unité 200 Modèle:Abréviation Modèle:Unité
Seuil de douleur 100 Modèle:Abréviation Modèle:Unité
Blessures auditives à court terme 20 Modèle:Abréviation environ Modèle:Unité
Blessures auditives à long terme 6 × 10−1 Modèle:Abréviation environ Modèle:Unité
Télévision (volume normal) à Modèle:Unité 2 × 10−2 Modèle:Abréviation environ Modèle:Unité
Dialogue normal à Modèle:Unité 2 × 10−3 – 2 × 10−2 Modèle:Abréviation 40 – Modèle:Unité
Chambre très calme 2 × 10−4 – 6 × 10−4 Modèle:Abréviation 20 – Modèle:Unité
Feuilles volantes, respiration calme 6 × 10−5 Modèle:Abréviation Modèle:Unité
Seuil auditif à Modèle:Unité 2 × 10−5 Modèle:Abréviation Modèle:Unité

On rappelle, pour comparaison, que la pression atmosphérique moyenne à hauteur de la mer est d'environ Modèle:Unité. L'hypothèse selon laquelle la surpression est très inférieure à la pression est donc une très bonne approximation, d'autant plus si l’on traite de problèmes en rapport avec l'audition humaine (musique...) qui nécessitent des niveaux sonores faibles.

Les décibels ne font pas l’objet de ce chapitre, mais on peut déjà remarquer qu’il s'agit d'une échelle logarithmique. En effet, cela représente mieux la perception humaine de l'intensité sonore (logarithmique, donc) qu'une mesure de la pression.

La masse volumique

D'après la relation établie plus haut, le terme ρ est égal[6] à :

χsρ0pρ01γpP0ρ0.

L'hypothèse faite est donc valable.

Remarques

  1. Il existe une approche alternative, mais moins pratique : la description dite « lagrangienne » (par opposition à la description « eulérienne »), proposée en [[../Annexe/Description lagrangienne|annexe]].
  2. Une équation du même genre peut être établie pour la vitesse v. Une démonstration est proposée en [[../Annexe/Équation d'onde pour v|annexe]].
  3. La notion de décibel sera introduite dans un prochain chapitre.
  4. Les effets « thermoacoustiques », non abordés dans cette leçon, concernent les liens entre les variations de température et les sons.
  5. Modèle:En Hatazawa, M., Sugita, H., Ogawa, T. & Seo, Y. (janvier 2004), « Modèle:Lien brisé », Transactions of the Japan Society of Mechanical Engineers (Part B) Vol. 16, No. 1, 292–299.
  6. On utilise ici le modèle du gaz parfait pour donner une expression à χs — ce résultat est démontré à nouveau au chapitre suivant.

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