Théorie des groupes/Le théorème p-q de Burnside

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Modèle:Chapitre

Dans ce chapitre, on va démontrer le théorème p-q de Burnside, ou théorème pa qb de Burnside, selon lequel tout groupe fini dont l'ordre compte au plus deux facteurs premiers distincts est [[../Groupes résolubles|résoluble]]. La démonstration est celle que Burnside lui-même a donnée en 1904[1] à l'aide de la théorie des -caractères des groupes finis.

On resta environ soixante-cinq ans sans connaître de démonstration indépendante de la théorie des caractères. En suivant une indication de J. G. Thompson, D. Goldschmidt donna en 1970 une telle démonstration limitée aux groupes d'ordre pa qb impair et H. Bender compléta la démonstration en 1972[2].

La numérotation des énoncés fait suite à celle du chapitre précédent. Modèle:Clr

Modèle:Théorème Modèle:Démonstration déroulante
Modèle:Théorème Démonstration. On va utiliser le point 9° des rappels sur les nombres algébriques (chapitre [[../Caractères complexes des groupes finis, 1 : relations d'orthogonalité|Caractères complexes des groupes finis, 1]]).

Soit L l'extension de engendrée par λ1,,λd. Cette extension est de degré fini.

Soit σ un « isomorphisme » de L dans . Il résulte des hypothèses de l'énoncé que σ(λ1),,σ(λd) sont des racines de l'unité non toutes égales entre elles donc, d'après le lemme précédent,

|σ(λ1)++σ(λd)|<d, soit |σ(λ1++λdd)|<1.

En prenant le produit sur les « isomorphismes » σ de L dans , on trouve

(1) |NL(λ1++λdd)|<1.

D'autre part, puisque, par hypothèse (λ1++λd)/d est un entier algébrique, son image par NL est un entier rationnel. D'après (1), la valeur absolue de cet entier rationnel est < 1, donc elle est nulle, ce qui prouve l'énoncé.

Modèle:Théorème Modèle:Démonstration déroulante
Modèle:Théorème Démonstration[3]Modèle:,[4]Modèle:,[5]. Par définition, χ(g) est la trace de la matrice T(g). Puisque G est un groupe fini, cette matrice est un élément d'ordre fini du groupe GL(d,). D'après le lemme précédent, l'énoncé sera donc démontré si nous prouvons que χ(g)d est un entier algébrique.

Puisque d et |Cl(g)| sont supposés premiers entre eux, il existe des entiers rationnels a et b tels que

a|Cl(g)|+bd=1.

En multipliant par χ(g)/d, on obtient

(1) χ(g)d=a|Cl(g)|χ(g)d+bχ(g).

Puisque χ est irréductible, il résulte du lemme 36 (chapitre [[../Caractères complexes des groupes finis, 2 : théorèmes sur les degrés|Caractères complexes des groupes finis, 2]]) que

(2) |Cl(g)|χ(g)d est un entier algébrique.

D'autre part, d'après le corollaire 10 (chapitre [[../Caractères complexes des groupes finis, 1 : relations d'orthogonalité|Caractères complexes des groupes finis, 1]]),

(3) χ(g) est un entier algébrique.

(1), (2) et (3) montrent que χ(g)/d est bien un entier algébrique, ce qui achève la preuve.

Modèle:Théorème Modèle:Démonstration déroulante

La dénomination « Théorème de non-simplicité de Burnside », qu'on donne ici au théorème qui suit, n'est pas standard, mais ce théorème a bien été démontré par Burnside[6]Modèle:,[7]Modèle:,[8] et ajouté à son article[1], ce qui lui a permis de simplifier sa preuve initiale du théorème pa qb.

Modèle:Théorème Démonstration. Supposons que, par absurde,

(hyp. 1) G soit simple.

Désignons par χ1,,χh les différents -caractères irréductibles de G, en prenant pour χ1 le caractère constant de valeur 1 (caractère principal). Pour tout i dans {1, ... , h}, désignons par di le degré de χi et choisissons une -représentation matricielle Ti de G ayant χi pour caractère. Les Ti sont donc irréductibles et deux à deux non équivalentes et T1 est la -représentation matricielle triviale de degré 1 de G.

Il résulte alors du lemme 42 que

(2) pour tout i2, la représentation Ti est fidèle.

Par hypothèse de l'énoncé, nous pouvons choisir un élément g de G tel que

|Cl(g)|=pn.

Comme g a plusieurs conjugués, il n'appartient pas au centre de G. Pour tout i2, d'après (2), la matrice Ti(g) n'est donc pas scalaire. Par conséquent, d'après le lemme 41 :

(3) pour tout i2 tel que di ne soit pas divisible par p, χi(g)=0.

D'autre part, puisque g a plusieurs conjugués, il est distinct de 1 (nous avons d'ailleurs déjà noté qu'il n'appartient pas au centre de G) donc, d'après la seconde relation d'orthogonalité ([[../Caractères complexes des groupes finis, 1 : relations d'orthogonalité|Caractères complexes des groupes finis, 1]], théorème 31) :

i=1hχi(1)χi(g)=0

autrement dit, en divisant par p et en tenant compte de (3) :

(4) 1p=2ihpdidipχi(g).

Or nous savons (nous l'avons déjà utilisé dans la preuve du lemme 41) que tous les χi(g) sont des entiers algébriques donc, d'après (4), 1/p est un entier algébrique, ce qui est faux (chapitre [[../Caractères complexes des groupes finis, 1 : relations d'orthogonalité|Caractères complexes des groupes finis, 1]], rappels sur les nombres algébriques, point 8°).

La contradiction obtenue prouve que notre hypothèse (1) est absurde, donc G n'est pas simple, ce qui démontre l'énoncé.

Modèle:Théorème Démonstration[9]. Raisonnons par l'absurde, en supposant qu'il existe p et q premiers et un groupe G non résoluble d'ordre pModèle:ExpqModèle:Exp, et choisissons un tel G d'ordre minimum.

Alors G est simple, car s'il avait un sous-groupe normal H différent de 1 et G, les groupes H et G/H, ayant pour ordres des diviseurs stricts de pModèle:ExpqModèle:Exp, seraient résolubles (par minimalité de |G|), ce qui (chapitre [[../Groupes résolubles|Groupes résolubles]]) contredirait la non-résolubilité de G.

Cette simplicité de G entraîne que :

  • puisque G est non abélien (car non résoluble), son centre est réduit à l'élément neutre, autrement dit {1} est la seule classe de conjugaison de G réduite à un élément ;
  • d'après le théorème 43, p et q sont distincts et a et b sont non nuls, et le cardinal de toute autre classe de conjugaison (qui a priori divise |G|, cf. chapitre [[../Action de groupe|Action de groupe]], section Le centralisateur et le normalisateur vus comme stabilisateurs) est divisible par pq.

On déduit de ces deux points que modulo pq, |G| est congru à la fois à 1 et à 0.

Cette contradiction achève la preuve par l'absurde du théorème.

Notes et références

Modèle:Références

Modèle:Bas de page

  1. 1,0 et 1,1 Modèle:Article.
  2. Modèle:Article, p. 170.
  3. Modèle:Ouvrage, 12.3.1.
  4. Modèle:Ouvrage, 8.5.1.
  5. Modèle:Ouvrage, Proposition 5.2.37.
  6. Modèle:Harvsp, 12.3.2.
  7. Modèle:Harvsp, 8.5.2.
  8. Modèle:Harvsp, Theorem 5.2.38.
  9. Modèle:Ouvrage.