Équation du quatrième degré/Méthode de Ferrari

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Modèle:Chapitre

Nous allons voir une première méthode générale de résolution des équations du quatrième degré. C'est la première méthode à avoir été élaborée. Elle est due à Ludovico Ferrari.

Exercice d'échauffement

Développons le produit :

(x2x+1)(x2+5x2).

Nous obtenons :

(x2x+1)(x2+5x2)=x4+4x36x2+7x2.

Cette opération ne nous a pas beaucoup posé de problème. Nous savons faire cela depuis longtemps.

Mais supposons que l’on nous ait posé le problème inverse. C'est-à-dire :

Factoriser le polynôme :

x4+4x36x2+7x2.

sous forme de produit de deux polynômes du second degré à coefficients entiers. Là, le problème est moins évident. Comment allons-nous procéder ? Nous allons pour cela utiliser la méthode de Ferrari :

Nous commencerons par appliquer la technique standard d'élimination du terme de degré 3, en posant :

x=z1.

On obtient :

x4+4x36x2+7x2=z412z2+27z18.

Nous remarquons ensuite que pour tout paramètre λ, nous avons :

z4=(z2+λ)22λz2λ2.

En reportant cette valeur de zModèle:Exp dans l'égalité précédente, nous obtenons :

x4+4x36x2+7x2=(z2+λ)22λz2λ212z2+27z18=(z2+λ)2(2λ+12)z2+27zλ218=(z2+λ)2[(2λ+12)z227z+λ2+18].

Nous allons maintenant essayer de déterminer λ de façon que l’expression entre crochets s'écrive sous forme de carré pour pouvoir utiliser la célèbre identité remarquable aModèle:ExpbModèle:Exp = (ab)(a + b).

L'expression :

(2λ+12)z227z+λ2+18

peut être considérée comme un polynôme du second degré en z (pour autant que λ soit différent de –6). Elle pourra se mettre sous forme de carré si son discriminant est nul (revoir éventuellement le cours sur les équations du second degré).

Calculons son discriminant :

Δ=(27)24(2λ+12)(λ2+18)=8λ348λ2144λ135.

Nous devons donc choisir une valeur de λ qui annule le discriminant, ce qui revient à résoudre l'équation du troisième degré d'inconnue λ :

8λ3+48λ2+144λ+135=0.

Une racine évidente est –3/2. Nous poserons donc :

λ=32.

Nous pouvons alors continuer notre calcul entamé plus haut :

x4+4x36x2+7x2=(z2+λ)2[(2λ+12)z227z+λ2+18]=(z232)2[(2×32+12)z227z+(32)2+18]=(z232)2[9z227z+814]=(z232)2(3z92)2=[z2323z+92]×[z232+3z92]=[z23z+3][z2+3z6]=[(x+1)23(x+1)+3][(x+1)2+3(x+1)6]=(x2x+1)(x2+5x2)

et nous constatons que nous avons bien réobtenu la factorisation dont nous étions partis au début de ce paragraphe.

Analyse de l'exercice d’échauffement

Le point essentiel du calcul fait précédemment se trouve au niveau de la résolution de l'équation :

8λ3+48λ2+144λ+135=0.

En effet, cette équation, qui est du troisième degré, avait une racine évidente. On peut légitimement penser que si cette équation n'avait pas eu une racine évidente, le calcul se serait considérablement compliqué. En fait, le polynôme que nous devions factoriser :

x4+4x36x2+7x2

a été obtenu à partir du développement du produit :

(x2x+1)(x2+5x2)

et c’est pour cela que l'équation du troisième degré a une racine évidente. Chaque fois qu'un polynôme du quatrième degré peut se factoriser comme produit de deux polynômes du second degré à coefficients rationnels, l'équation du troisième degré intervenant dans le calcul aura au moins une racine évidente.

Nous invitons donc le lecteur, pour s'entraîner à cet exercice, à commencer par développer un produit de deux polynôme du second degré à coefficients entiers pris au hasard et à essayer ensuite de refactoriser le polynôme du quatrième degré obtenu.

Nous vous invitons aussi, avant d’aborder le paragraphe suivant, à faire l'exercice 5-1.

Généralisation à la résolution des équations du quatrième degré

Dans ce paragraphe, nous allons décrire la méthode de Ferrari permettant de résoudre toutes les équations de la forme

z4+pz2+qz+r=0

(nous savons que toute équation de degré 4 s'y ramène).

Nous supposerons de plus que q0 (car lorsque q=0, l'équation est bicarrée donc facile à résoudre).

Le principe de cette méthode consiste à essayer de factoriser le premier membre de l'équation sous forme de produit de deux polynômes du second degré, comme nous l'avons fait dans l'exercice d'échauffement, pour pouvoir se ramener à la résolution de deux équations du second degré. La seule différence réside dans le fait que le polynôme du troisième degré intervenant dans les calculs n'aura pas forcément une racine évidente.

Comme dans le paragraphe précédent, nous remarquons que :

z4=(z2+λ)22λz2λ2.

Le premier membre de l'équation précédente s'écrit alors :

z4+pz2+qz+r=(z2+λ)22λz2λ2+pz2+qz+r=(z2+λ)2(2λp)z2+qzλ2+r=(z2+λ)2[(2λp)z2qz+λ2r].

Nous allons maintenant essayer de déterminer λ de façon que l’expression entre crochets s'écrive sous forme de carré pour pouvoir utiliser l'identité aModèle:ExpbModèle:Exp = (ab)(a + b).

L'expression :

(2λp)z2qz+λ2r

peut être considérée comme un polynôme du second degré en z (pour autant que 2λ – p soit non nul). Elle pourra se mettre sous forme de carré si son discriminant est nul (revoir éventuellement le cours sur les équations du second degré).

Calculons son discriminant :

Δ=(q)24(2λp)(λ2r)=8λ3+4pλ2+8rλ4pr+q2.


Nous devons donc choisir une valeur de λ qui annule le discriminant, ce qui revient à résoudre l'équation du troisième degré d'inconnue λ :

8λ34pλ28rλ+4prq2=0.


Soient λ0, λ1, λ2 les trois racines de cette dernière équation (elles vérifient bien 2λip0, d'après l'hypothèse q0). Laquelle de ces trois racines allons-nous choisir ? D'un point de vue théorique, cela n'a aucune importance. D'un point de vue pratique, nous choisirons, bien sûr, celle qui nous parait la plus simple. Par exemple, s'il y a une racine réelle et deux racines complexes conjuguées, nous choisirons, sauf cas particulier, la racine réelle.

Supposons, pour fixer les idées, que la racine que nous choisissons est λ0 et reprenons le calcul commencé précédemment en remplaçant λ par λ0 et en tenant compte du fait que cette valeur annule le discriminant de (2λ0p)zModèle:Expqz + λ0Modèle:Expr.


On obtient :

z4+pz2+qz+r=(z2+λ0)22λ0z2λ02+pz2+qz+r=(z2+λ0)2(2λ0p)z2+qzλ02+r=(z2+λ0)2[(2λ0p)z2qz+λ02r]=(z2+λ0)2(2λ0p)(zq2(2λ0p))2=(z2+z2λ0p+λ0q22λ0p)(z2z2λ0p+λ0+q22λ0p),

2λ0p désigne l'une des deux racines carrées (éventuellement complexes) de 2λ0p.

L'équation z4+pz2+qz+r=0 est donc équivalente à :

z2+z2λ0p+λ0q22λ0p=0ouz2z2λ0p+λ0+q22λ0p=0.

Nous nous sommes ainsi ramenés à la résolution de deux équations du second degré.


Pour la première équation, le discriminant est :

Δ+=2λ0p4(λ0q22λ0p)=2λ0p+2q2λ0p

et les solutions sont :

z0=2λ0p+Δ+2,z1=2λ0pΔ+2.


Pour la deuxième équation, le discriminant est :

Δ=2λ0p4(λ0+q22λ0p)=2λ0p2q2λ0p

et les solutions sont :

z2=2λ0p+Δ2,z3=2λ0pΔ2.

(À nouveau, Δ+ désigne l'une des deux racines carrées de Δ+, et de même pour Δ.)

Résumé de la méthode de Ferrari

Ce que nous avons fait au paragraphe précédent est un peu long. Nous allons le résumer dans un encadré.

Modèle:Principe

Cas général

Pour résoudre par la méthode de Ferrari une équation de la forme

x4+bx3+cx2+dx+e=0,

la mettre au préalable, comme exposé ci-dessus, sous la forme

z4+pz2+qz+r=0

ne simplifie en rien les calculs. Il est donc préférable de procéder directement comme suit[1]Modèle:,[2]Modèle:,[3] (si b=0, on retrouvera, aux notations près, les formules précédentes).

On suppose que l'équation ne se ramène pas à une équation bicarrée, c'est-à-dire (cf. chapitre précédent) que b34bc+8d0.

L'équation se réécrit :

(x2+b2x)2=(b24c)x2dxe,

ou encore :

(x2+b2x+λ)2=(b24c+2λ)x2+(bλd)x+λ2e.

Le second membre est un carré si et seulement si

(bλd)2=4(b24c+2λ)(λ2e)

c'est-à-dire :

8λ34cλ2+(2bd8e)λb2e+4ced2=0.

Soit λ0 une solution de cette résolvante cubique et soit μ0 une racine carrée de 2λ0c+b24 (qui est nécessairement non nul, d'après l'hypothèse b34bc+8d0). L'équation s'écrit alors :

(x2+b2x+λ0)2=(μ0x+bλ0d2μ0)2

donc est équivalente à

x2+(μ0+b2)x+λ0+bλ0d2μ0=0oux2+(μ0+b2)x+λ0bλ0d2μ0=0.

Pour la première équation, le discriminant est

Δ+=2λ0c+2dbλ0μ0+bμ0+b22

et les solutions sont

x0=μ0+Δ+2b4,x1=μ0Δ+2b4.

La seconde équation se résout de même en remplaçant partout μ0 par μ0 :

Δ=2λ0c2dbλ0μ0bμ0+b22,
x2=μ0+Δ2b4,x3=μ0Δ+2b4.

Modèle:Exemple Modèle:Remarque

Références

Modèle:Références

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